Alternance - Les 5 compétences clés des apprentis aux yeux des recruteurs

Si l’immersion en entreprise permet de développer le savoir-faire propre au métier, elle enrichit aussi l’étudiant dans son savoir-être professionnel : des aptitudes comportementales essentielles aux yeux des recruteurs.

« Chaque chantier est différent, il faut savoir anticiper et s’adapter » - Lisa Darmon, apprentie chez Colas.
« Chaque chantier est différent, il faut savoir anticiper et s’adapter » - Lisa Darmon, apprentie chez Colas.

    Si l’immersion en entreprise permet de développer le savoir-faire propre au métier, elle enrichit aussi l’étudiant dans son savoir-être professionnel : des aptitudes comportementales essentielles aux yeux des recruteurs.

    Depuis un an, Marie Roqueta apprend le métier de chargée d'affaires agricoles avec l'accompagnement de sa tutrice, qui exerce la même fonction. « Gestion administrative, accueil des clients, rendez-vous dans leurs exploitations : mes missions sont très diversifiées, explique la jeune fille de 22 ans, qui suit le master management d'entreprise option finance de l'école d'ingénieurs ISA Lille (Groupe HEI ISA ISEN). Grâce au soutien de ma tutrice, j'ai rapidement pris de l'autonomie. Je l'ai d'ailleurs remplacée en août dernier pendant ses congés annuels. »

    Pour Dominique Dubois, directeur du centre d’affaires Crédit Agricole qui accueille Marie, « elle a gagné en maturité et est déjà – presque – une chargée d’affaires à part entière. Elle est opérationnelle à 90 %, c’est un vrai avantage de l’alternance par rapport à des stages, plus courts et donc moins formateurs. »

    Gagner en agilité

    Polyvalence, travail en équipe, autonomie, capacité d’adaptation, sens de l’organisation : ces compétences, qui se développent au fur et à mesure que l’étudiant acquiert de l’expérience, sont très recherchées par les entreprises.

    « L'alternance contribue à renforcer l'agilité nécessaire pour s'adapter aux situations, aux personnes, indique Mathilde Brossier, directrice des relations entreprises de l'EM Normandie. Un excellent commercial qui remplit ses objectifs, mais incapable de collaborer avec ses collègues, sera moins facilement recruté qu'un profil moins performant mais qui a le sens du collectif. »

    Une pédagogie basée sur le raisonnement

    Le comportement et l’acquisition des codes de l’entreprise comptent donc autant, voire davantage, que l’expertise technique. L’alternance doit avant tout forger un état d’esprit professionnel et la pédagogie en tient compte.

    « Les grandes écoles privilégient le raisonnement inductif, en partant de problématiques réelles vécues par les entreprises, indique Philippe Jamet, directeur général de l'Institut Mines-Télécom et président d'honneur de la Conférence des grandes écoles. Les jeunes apprennent à se saisir d'un problème donné et à rechercher les informations nécessaires pour le résoudre. » Une compétence qui ne s'acquiert pas dans les livres mais bel et bien sur le terrain.

    1 - S’organiser : la base de tout métier

    Le suivi d'un chantier de A à Z : c'est la principale mission de Lisa Darmon, en formation bac+2 de conducteur de travaux à l'ESTP de Cachan (Val-de-Marne), et apprentie dans l'entreprise de travaux publics Colas.

    « Il faut mener de nombreuses activités de front, le risque est de s’éparpiller. Avec l’expérience, on apprend la succession des tâches et comment les prioriser. Même les chantiers les plus simples doivent être planifiés de façon précise : la pose de l’enrobé d’une route nécessite d’avoir prévu les bordures. Les réunions de chantier sont donc essentielles. »

    Gérer le rythme de l’alternance

    Pour Noémie Richard, le sens de l’organisation est indispensable pour gérer le rythme de l’alternance : deux semaines de formation à l’école d’ingénieurs Sigma Clermont (Puy-de-Dôme), en seconde année de formation en mécanique et génie industriel, et deux semaines chez Michelin, où elle est chargée d’améliorer la gestion et l’utilisation du matériel de conditionnement dans les ateliers.

    « Il est indispensable d’anticiper, par exemple pour planifier les visites d’ateliers ou les rendez-vous. Sinon mon interlocuteur devrait attendre mon retour en entreprise, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur la bonne marche de la mission. »

    2 - Travailler en équipe : le sens du collectif

    Les missions d'audit de Guillaume Rollet durent deux à quatre mois, « une immersion totale chez le client » comme l'explique l'étudiant en master Audit, management des SI et contrôle de gestion de l'IAE Aix-Marseille (Bouches-du-Rhône). « On travaille en équipe. Je suis par exemple en binôme avec un auditeur plus expérimenté de la Caisse d'Epargne, qui me conseille en cas de difficulté et éclaircit des points. Sur des missions plus complexes, qui nécessitent trois à six auditeurs, les réunions permettent de répartir les tâches et d'échanger nos points de vue. »

    La dimension collective était également très marquée dans la mission transverse conduite par Yonathan Cohen-Ostrowiak lors de son alternance dans le groupe hôtelier AccorHotels. « En tant que chef de projet junior sur le déploiement des outils CRM (gestion de la relation client) auprès de la force de vente, j'étais à l'interface avec trois départements internes, explique le diplômé du MBA Management de l'hôtellerie à l'ESG (Paris). Un travail de coordination très formateur, avec notamment la planification des échanges avec les membres de l'équipe et la transmission d'informations. »

    Guillaume Rollet, étudiant en master à l’IAE Aix-Marseille

    3 - Être polyvalent : sortir de sa zone de confort

    Si l'étudiant en alternance dispose d'une feuille de route précise, indiquant les missions à réaliser, il peut être amené à intervenir sur d'autres tâches. Avant de suivre sa formation de master à l'IAE Aix-Marseille (Bouches-du-Rhône), Guillaume Rollet a suivi un BTS Management des unités commerciales, déjà en alternance. Dans le cadre d'un projet mené pour le compte de l'agence de communication qui l'avait recruté (le développement d'une application informatique), il a bénéficié des conseils d'un technicien pour effectuer le travail de finalisation.

    « La dimension codage était terminée, je suis intervenu pour intégrer les dernières images, vérifier les logos et apporter les ultimes corrections, explique le jeune homme. Cette polyvalence technique et commerciale a été l’un des fils directeurs de ces deux ans d’alternance. »

    L’occasion de découvrir d’autres métiers

    Lisa Darmon, pour sa part, a abandonné sa casquette de conducteur de chantier pendant quelques jours pour gérer le roulement des camions. « Je devais faire les plannings, répondre aux demandes internes, mais aussi être réactive pour trouver rapidement une solution – par exemple en cas de retard d’un camion. »

    Pour la jeune fille, l’expérience est très positive. « C’est intéressant de toucher à différents métiers impliqués dans les chantiers et de comprendre leurs exigences : je peux ainsi avoir une vision plus complète des projets que je gère et donc mieux appréhender mes propres missions. »

    4 - S’adapter : la gestion des imprévus

    Un projet de grande ampleur, comme celui conduit par Yonathan Cohen-Ostrowiak chez Accor, ne va pas sans difficultés. « Lorsqu’on déploie une évolution de l’outil de gestion de la relation client, la moindre erreur technique va dérégler l’ensemble du processus. Il faut donc la régler aussi rapidement que possible, explique le jeune homme. La priorité consiste à trouver le bon interlocuteur dans les meilleurs délais et se serrer les coudes, au sein de l’équipe, pour trouver une solution. Humainement, c’est très enrichissant ! »

    Préparation en amont

    Vincent Portier, diplômé en 2014 du BTS Métiers de l'audiovisuel de l'EMC à Paris, a fait ses premières armes de technicien son lors de sa formation. Impliqué dans la création du spectacle « La Belle et la bête » au théâtre Mogador, à Paris, il est intégré à une équipe anglaise menée par un illustre concepteur son. « J'ai travaillé en amont mon niveau d'anglais technique », témoigne Vincent, qui s'est alors retrouvé immergé dans une situation inédite : des processus de travail différent, un budget bien plus élevé que les productions habituelles, un mois et demi de création sonore contre deux semaines en général…

    Faire ses preuves dans un contexte différent

    « Le niveau d’exigence était plus élevé que dans mes expériences précédentes. Les relations de travail étaient plus distantes dans les premiers jours, il a fallu faire ses preuves. » Noémie Richard, pour sa part, a repris un projet initié par un collègue, qui lui a exposé les besoins et l’a présentée à toutes les personnes ressources : « Le passage de relais a duré trois semaines, au cours desquelles j’ai dû mener en parallèle les dossiers courants. Une expérience formatrice ! »

    5 - Être autonome : l’objectif ultime

    Selon les missions confiées à l’alternant, la phase d’observation et d’accompagnement quotidien par le tuteur est plus ou moins longue. L’enjeu, pour le jeune et l’entreprise, est de parvenir rapidement à l’autonomie. Une étape cruciale qui n’est pas toujours facile à négocier, comme l’a expérimenté Guillaume Rollet. « Lors de mon alternance en tant que commercial, j’ai représenté l’agence de communication dans des congrès internationaux pour rencontrer des clients potentiels. La première fois, six mois après mes débuts, je suis allé sur un événement consacré aux bateaux. » Un baptême du feu qui n’a pas débouché sur de nouveaux contrats, mais qui a permis de nouer des contacts. « Ils se sont concrétisés sur une première participation de l’agence à un congrès sur le luxe à Monaco. Les phases de débriefing, avec l’équipe, m’ont permis d’identifier des points d’amélioration et de gagner en assurance. »

    Plus de confiance en soi

    La progression des missions et des responsabilités associées est la clé de l’autonomie. L’expérience de Vincent Portier le confirme : « Lors des premières semaines, l’équipe en charge du son me donnait des petits travaux pratiques, pour m’aguerrir aux outils de base et à leur utilisation dans le spectacle vivant. » Il se voit ensuite confier la gestion du son pour un gala de danse associatif. « L’enjeu est moindre que dans d’autres situations, ce qui permet de faire ses preuves dans une relative sérénité. On se sent ensuite plus à l’aise pour prendre en charge des projets plus importants, comme les spectacles d’artistes. » Une montée en puissance appréciée également par Lisa Darmon : « Cette progressivité permet de se faire la main et d’acquérir des premiers réflexes ».

    G.M.

    L'alternance, une clé pour favoriser l'emploi des jeunes

    > TENDANCES. L'alternance : un succès qui ne se dément pas

    > Nos conseils pour trouver un employeur

    > Comment choisir sa formation en alternance ?

    > Alternance : les étapes pour trouver un contrat, rémunération...

    > Numérique - "L'alternance pour faire face aux évolutions technos"

    > Une classe prépa pour les futurs apprentis

    > Les 5 compétences clés des apprentis aux yeux des recruteurs

    > Les régions en première ligne pour développer l'apprentissage

    > Former et embaucher les meilleurs talents

    > Bricoman : bilan positif pour l’École des métiers

    > Artisanat et alternance, un duo gagnant

    > Handicap : les entreprises s’engagent

    Retour au dossier spécial alternance

    Écoles à la une

    Proposées par les écoles partenaires

    Montpellier Business School
    Commerce / Gestion / Management
    Montpellier
    L'École Sécurité C-SRD
    Défense / Fonction Publique
    Paris