Alternance. Les entreprises créent leurs classes dédiées

Pour dénicher les talents et maintenir leur niveau d'excellence, certaines entreprises vont jusqu'à co-construire des modules d'enseignement adaptés à leurs besoins

Fabrice Vigreux, directeur du développement, Ascencia Business School
Fabrice Vigreux, directeur du développement, Ascencia Business School

    Pour former ses futurs auditeurs, le cabinet Deloitte fait appel à l'École supérieure de gestion et d'expertise comptable (ENGDE) à Paris, depuis la rentrée 2014. Douze élèves sur treize, de la première promo, sont aujourd'hui en CDI au sein de la société. « Nous voulions diversifier les profils que nous recrutons. C'est la raison pour laquelle nous avons embauché des titulaires du diplôme de comptabilité et gestion (DCG) pour les accompagner pendant deux ans vers l'obtention du diplôme supérieur de comptabilité et gestion (DSCG) », explique Stéphane Ménard, associé Audit et responsable du Parcours diplômant Deloitte.

    Être en phase avec l’activité

    Pour la firme, l'intérêt de créer une classe dédiée en partenariat avec l'ENGDE était aussi de pouvoir caler le rythme de l'alternance sur celui du cabinet.« Dans l'audit, le pic se situe entre décembre et mars. Pendant cette phase, l'immersion en entreprise est essentielle pour la progression des étudiants et leur compréhension du métier. Un rythme de trois jours en entreprise, deux jours à l'école ou inversement ne convient pas à notre activité », précise-t-il.

    Se caler sur le recrutement

    Le Groupe La Poste dispense également des cursus en alternance permettant d'obtenir un diplôme d'État ou un titre professionnel homologué, en partenariat avec différents établissements d'enseignement. Mais, depuis peu, il privilégie le niveau bac +3. Car, à la différence d'un BTS qui se déroule obligatoirement de septembre à juin, il offre plus de souplesse à l'entreprise qui peut démarrer ses formations en fonction de ses périodes de recrutement. L'idée est d'éviter toute rupture entre la fin de l'alternance et le CDI. Environ 150 futurs conseillers financiers recrutés à bac +2 sont ainsi formés par an. « Notre objectif est de proposer un contrat à 80 % d'entre eux », affirme Pascal Picault, directeur des Formaposte d'Ile-de-France et de Midi-Atlantique, les CFA dédiés aux métiers de La Poste. Pour 2018, le Groupe envisage d'étendre sa filière bancaire en alternance jusqu'au niveau bac +5 et de former ainsi ses conseillers en patrimoine.

    66 % des apprentis sont des garçons et 34 % des filles. (Source : Dares 2015)

    Interview

    Fabrice Vigreux,

    Directeur du développement, Ascencia Business School

    « Notre objectif est d’accompagner nos élèves vers un métier »

    Ascencia axe sa pédagogie sur l’alternance. Pourquoi ce choix ?

    En effet, toutes nos formations sont accessibles en alternance, de la première année post-bac à bac +5. Cela permet aux étudiants d’acquérir une maturité professionnelle et facilite leur insertion dans le monde du travail. Notre objectif est de les accompagner vers un métier. Nous proposons plusieurs filières classiques d’école de commerce, tel que le management, la stratégie d’entreprise, les ressources humaines ou encore le marketing. Plus de 80 % de nos étudiants sont en poste dans les six mois qui suivent l’obtention du diplôme.

    Comment cet accompagnement se réalise-t-il ?

    Dès février, nous organisons des séminaires afin d’aider les élèves à formuler leur projet, trouver le secteur et l’entreprise qui leur conviennent le mieux. Nous travaillons comme des chargés en recrutement, au cas par cas.

    Comment assurez-vous le lien avec les entreprises ?

    Nous réalisons un point tous les deux ou trois mois avec elles pour suivre l’évolution de nos alternants. Par ailleurs, nous organisons des entretiens individuels réguliers avec ces derniers pour s’assurer qu’ils remplissent bien leurs objectifs et les aider à s’améliorer si besoin.

    Point de vue

    Jonathan Azoulay, président du réseau des Grandes écoles spécialisées (GES)

    « Le principe des classes dédiées est parfaitement adapté lorsqu’il s’agit de former des demandeurs en reconversion professionnelle ou des jeunes que l’on veut préparer à des métiers très spécifiques et rares afin de répondre à un besoin concret à un instant T.

    En revanche, ce n’est pas un service à rendre à des jeunes diplômés bac +3/+5 qui se destinent à être managers. Ils seront amenés à évoluer et à changer d’entreprise Alors, ne leur donner qu’une seule coloration d’entreprise, aussi belle qu’elle soit est un risque, celui de les bloquer dans la construction de leur parcours. »

    Nathalie Tran

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