Bac Pro : 40% des lauréats poursuivent des études

Près d’un élève de terminale sur trois passe un bac professionnel. Et pour eux aussi, ce qu’ils vont faire après est sujet de préoccupation.

Bac Pro : 40% des lauréats poursuivent des études

    Dans quelques semaines, Thomas devrait décrocher son DUT de génie civile à l’université de Grenoble, qui le mènera l’année prochaine en licence pro.

    Fier de sa réussite, il en est aussi le premier étonné : ce jeune homme d’Evian-les-Bains (Haute-Savoie), fils d’une mère agent d’accueil et d’un père intérimaire du bâtiment, ne s’imaginait pas sur les bancs de la fac.

    « Au collège, mes résultats n’étaient pas terribles »

    , confie-t-il. Il s’est révélé en bac pro, et a été admis à l’Eneps, un dispositif créé à la faculté de Grenoble (Isère) pour soutenir les jeunes issus de lycées professionnels dans le monde universitaire.

    40 % des lauréats de bac pro poursuivent des études

    La demande pour ce genre de cursus est en plein boom :

    l’orientation post-bac, dont la grand-messe s’ouvre avec le Salon européen de l’éducation , intéresse de plus en plus dans les « lycées des métiers ».

    Aujourd’hui, 40 % des lauréats de bac pro poursuivent des études, essentiellement en BTS, mais aussi en IUT

    , ou à la fac. Ils n’étaient que 17 % en 2000.

    Cette croissance impressionnante n'est pas près de s'arrêter : la France, comme les autres pays européens, s'est fixée pour objectif de hisser 50 % de sa jeunesse à un niveau bac + 3, « et l'essentiel du vivier se trouve dans les lycées professionnels », souligne Jérôme Dammerey, enseignant de maths et cosecrétaire général du Snuep, le principal syndicat des professeurs de lycées professionnels. Il a vu, en quelques années, changer le profil de ses élèves. « Avec la réforme du cursus, qui se passe en trois ans au lieu de quatre, et les redoublements devenus beaucoup plus rares, beaucoup de nos élèves sont diplômés à 18 ans, constate Jérôme Dammerey. Ils ont le temps et l'envie de poursuivre. »

    BAC Pro : répartition des élèves en bac pro selon leur spécialité

    Pour Thomas, qui se rêve conducteur de chantiers, les vingt semaines de stage effectuées entre la seconde et la terminale ont été déterminantes. « J'ai pu connaître plus précisément les métiers de mon secteur et choisir des études avec un but précis, » détaille-t-il.

    L'alternance comme voie privilégiée

    Selon les conseillers d'orientation, les élèves de voie professionnelle ont tout intérêt à « cultiver leur insertion et leur connaissance de la vie active en continuant des études en alternance, plutôt que de s'enfermer dans un cursus trop théorique qui ne leur convient pas ». Si toutes les portes leur sont ouvertes, sur le papier, les lycéens des filières pro ne réussissent pas partout : à la fac, où les cours exigent de solides bases et beaucoup de travail en autonomie, seulement 4,8 % des inscrits franchissent le cap de la deuxième année. Ils tirent mieux leur épingle du jeu en BTS, avec 59 % de réussite, et s'épanouissent plus encore dans les dispositifs post-bac cousus main pour leurs profils. A l'Eneps de Grenoble, où est inscrit Thomas, plus de la moitié des élèves continuent après le DUT. Les plus brillants sortiront avec un bac + 5 et le titre d'ingénieur.

    Christel Brigaudeau

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