Bachelor. Les ingénieurs praticiens ont un bel avenir

Le niveau bac +3 est aussi réclamé par l’industrie qui attend deux compétences : une bonne connaissance des outils et un savoir-faire de manageur.

Bachelor. Les ingénieurs praticiens ont un bel avenir

    Cela fait longtemps que les entreprises françaises font part de leur besoin de techniciens supérieurs, ces professionnels amenés, non à concevoir, mais à utiliser et optimiser les outils, voire à diriger de petites équipes.

    « Dans bien des industries, un ingénieur est surdimensionné pour ses fonctions, analyse Jean-Michel Nicolle, vice-président de la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs) et directeur de la grande école d'ingénieurs l'EPF (Sceaux, Troyes et Montpellier). Il y a un déséquilibre entre le niveau de formation et les besoins. Jusqu'alors nous n'avions pas de réponse. »

    Arts et Métiers ParisTech a ouvert le bal en 2014, en lançant le premier bachelor ingénieurs, « avec un public particulier en tête : les lycéens de la filière STI (technologique) », se remémore Laurent Champaney, directeur. Les entreprises n’étaient pas loin : « Ce sont d’ailleurs elles qui nous ont soufflé en premier l’appellation de bachelor, qu’elles connaissaient à travers leurs recrutements hors de France. »

    Liberté d’orientation

    Le modèle français de formation des ingénieurs faisait figure d’exception, avec deux voies possibles : faire deux années de classe préparatoires, puis trois ans d’école ; ou intégrer dès le bac une école en cinq ans. Mais, les prépas n’accueillent que les meilleurs élèves et n’ont pas assez de places pour soutenir la demande des entreprises. Et puis, se lancer tout de suite dans cinq années d’études, sans équivalence en cours de route, n’est plus au goût du jour. Les étudiants cherchent de plus en plus à combiner plusieurs formations.

    Le seul concurrent à ces nouveaux programmes est un autre bachelor, le BUT (Bachelor universitaire de technologie, ancien DUT).

    Pour inciter les étudiants à choisir leur offre, les écoles d’ingénieurs misent sur leurs points forts : possibilité de proposer des séjours à l’étranger, vie associative, laboratoires de recherche…

    Quels sont les débouchés ?

    L'objectif du bachelor est donc de répondre à des besoins ciblés. Exemples : le bachelor Numérique de l'ECE Paris, celui dédié à l'Internet des objets à l'Eseo (Angers), à la Data science à l'CY Tech (ex EISTI) Cergy… Le tout en utilisant une pédagogie plus concrète. « L'idée est de former par la technologie, c'est-à-dire d'appuyer notre pédagogie sur des projets, la manipulation d'outils, de manière bien plus opérationnelle que théorique. »

    Si la suite logique est l'embauche, le programme ne doit pas pour autant « enfermer » les étudiants. « La poursuite d'études doit toujours rester une option possible, même si la vocation première est professionnelle », estime Joël Courtois, directeur d'Epita (lire interview ci-dessous). D'ailleurs, comme chez leurs consœurs Business Schools, les choix des étudiants sont variés : « Nous observons que beaucoup d'entre eux, qui n'auraient pas pensé faire de longues études, confirment leur goût, prennent confiance en leurs capacités et se disent : pourquoi ne pas aller plus loin ? » Ils peuvent ainsi, en passant les concours d'admission parallèle, rejoindre le « vrai » cursus ingénieurs généraliste ou un master à l'université.

    Pour permettre toutes ces équivalences avec les formations en France et à l’étranger, les bachelors ingénieurs peuvent eux aussi, depuis cette année, décrocher le fameux grade de licence, délivré en 2020 par la CTI (Commission des titres d’ingénieurs). Une reconnaissance qui rendra ce diplôme très demandé.

    Le chiffre : 200 c’est le nombre d’écoles d’ingénieurs en France. Parmi elles, 53 sont privées

    Source : Cdefi, 2019

    « Le besoin de techniciens supérieurs qualifiés est immense »

    3 questions à Joël Courtois Directeur général d’Epita, Paris

    Vous créez votre premier bachelor en cybersécurité. Pourquoi ?

    Notre travail est d’insérer nos étudiants dans l’emploi en répondant aux besoins des entreprises. Or, celles-ci nous ont contactés, dans le cadre du Campus Cyber de La Défense (Hauts-de-Seine), dont l’ouverture vient d’être annoncée par le Président de la République. La cybersécurité est un sujet majeur qui touche toutes les entreprises privées ou publiques. Le besoin de professionnels qualifiés est immense.

    Le format bachelor est-il le mieux adapté ?

    Dans bien des domaines, les entreprises n’ont plus besoin de concepteurs de solutions, mais de gens capables de les manipuler, ce qui ne nécessite pas cinq ans d’études ! Des PME recherchent ces profils, comme les services publics ou les hôpitaux qui sont la cible de cyberattaques et n’ont pas toujours de budget suffisant pour embaucher un ingénieur. Nous devons former des techniciens supérieurs, un niveau qui existe encore trop peu en France.

    Dans quels autres domaines serait-ce judicieux ?

    Dans tout domaine technologique qui arrive à maturité, ce second niveau de compétences peut s’ouvrir. Exemples : aujourd’hui, pour être réparateur de drones, vous n’avez pas besoin de savoir programmer un drone. Dans l’intelligence artificielle, vous n’avez plus à construire un réseau de neurones, car des solutions plus simples ont été conçues.

    Epita est donc ravie de lancer son premier bachelor en septembre prochain, qui en amènera peut-être d’autres.

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