Emploi. Comment l'audit et le conseil attirent les candidats

Le secteur ne connaît pas la crise. Entre les «  big four », les autres cabinets d’expertise et les postes en entreprise, les candidats ont l’embarras du choix.

Le cabinet Denjean & Associés organise chaque année un concours pour faire gagner une journée dans les tribunes de Roland-Garros à dix jeunes diplômés d’une vingtaine de Masters
Le cabinet Denjean & Associés organise chaque année un concours pour faire gagner une journée dans les tribunes de Roland-Garros à dix jeunes diplômés d’une vingtaine de Masters

    Pas question pour lui de rater Roland-Garros. Mais si Thierry Denjean prend date pour le célèbre tournoi de tennis parisien, c’est avant tout pour des raisons professionnelles. « Cette année encore, nous allons proposer un concours à des étudiants d’une vingtaine de Masters pour faire gagner une journée dans les tribunes à dix jeunes diplômés », explique le fondateur du cabinet Denjean & Associés. L’an dernier, cette habile opération de relations publiques lui a permis de recruter deux profils parmi les lauréats. « C’est un secteur tellement concurrentiel qu’il faut faire preuve d’un peu d’inventivité pour se faire connaître ! »

    Il faut croire que c’est du sport. Le marché de l’audit et du conseil est traditionnellement dominé par quatre grands noms surnommés les « big four » (EY, PwC, KPMG et Deloitte) qui attirent déjà près 25 000 consultants. Mais ces cabinets aussi doivent se démarquer auprès des jeunes diplômés. « Nous sommes présents sur beaucoup de forums école et dans des événements sportifs comme la course croisière de l’Edhec avec deux objectifs, confirme Sylvie Bernard-Curie, directrice des ressources humaines chez KPMG. Nous devons faire connaître nos métiers et approfondir la rencontre avec ces candidats potentiels. » Car dehors, une nouvelle concurrence bat son plein. « Selon nos statistiques, un candidat qui reçoit une offre d’un “big” a en moyenne trois offres en main mais qui n’émanent plus exclusivement de cabinets. » Les banques aussi recrutent dans ce domaine.

    « Nous recherchons des profils dans l’audit de façon croissante

    à cause du contexte réglementaire de plus en plus exigeant », confirme Odile Grassart, la directrice du recrutement du groupe Société Générale. La banque proposera une centaine de postes cette année. « Nous avons aussi des arguments. Même si on apprend beaucoup de choses dans un cabinet, intégrer un grand groupe comme le nôtre, c’est adopter une autre focale et recevoir la promesse de connaître des environnements différents… » Car à quoi rêvent les candidats ? « Les profils qui viennent vers les métiers de l’audit et du conseil s’attendent à une intensité et une adrénaline mais dans le bon sens du terme, commente Sylvie Bernard-Curie. Il s’agit de leur montrer que l’on offre rapidité et progression de carrière combinées avec une intensité d’apprentissage sans commune mesure avec des postes équivalents en finance d’entreprise. »

    Salaires attractifs, flexibilité, postes d’associés...

    Pendant ce temps, Thierry Denjean reste philosophe. « On recrute beaucoup de profils pendant leurs études. Ils arrivent avec un Master et restent trois années en préparant, en parallèle, leur diplôme d’expert-comptable. » Certains partiront ensuite. « S’ils sont débauchés par les plus grands cabinets, c’est un gage de qualité pour nous, sourit-il. Mais il y a aussi de belles perspectives pour ceux qui restent. On essaie de les garder avec des salaires attractifs, de la flexibilité, et, à terme, des postes d’associés. » Le match commence à peine.

    TEMOINS

    « Nous intégrons certains étudiants avant qu’ils aient obtenu leur diplôme »

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    Sylvie MAGNEN

    associé et responsable de la stratégie RH chez EY

    Ici, le talent n’attend pas le nombre des années. Ni forcément le diplôme. Pour capter des jeunes talents, le cabinet EY a décidé, il y a quatre ans, de proposer à certains profils des places pendant leurs études. « Même si l’essentiel de nos jeunes recrues ont un niveau bac + 5, nous avons aussi ouvert le recrutement à une centaine de profils à bac + 2 ou 3, explique Sylvie Magnen, associée et responsable de la stratégie RH. Nous avons ainsi noué des partenariats avec des écoles pour faire passer à certains étudiants leur diplôme supérieur de comptabilité et de gestion. »

    Le contrat est séduisant. « Nous intégrons certains profils avant leur diplôme, poursuit Sylvie Magnen. Ils sont rémunérés pendant la formation et leurs études sont payées. » Ces étudiants sont principalement issus de BTS d’IUT en comptabilité en gestion. Et la fin de leur cycle de quatre ans, ils auront ensuite la possibilité d’intégrer le cabinet de façon plus durable. « Notre première “promotion” sortira cette année. Au minimum, ils auront eu quatre ans d’expérience professionnelle et un joli nom sur leur CV. »

    But de l’opération : se recentrer sur une partie du métier. « Nous voyons beaucoup de candidats tournés vers l’international, témoigne la responsable de la stratégie RH. C’est bien mais nous avions besoin de profils qui soient intéressés par la comptabilité proprement dite. » En espérant, là aussi, les garder le plus longtemps possible. « Nous faisons ce qu’il faut pour cela en nous adaptant aux nouvelles générations et en garantissant leur employabilité. Aujourd’hui, on n’intègre plus une entreprise pour aussi longtemps qu’avant. On vit dans un monde qui bouge plus vite… »

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