Croque-mort : un métier désormais enseigné à l'université

L'université Paris-Dauphine, dans le XVIe arrondissement, lance une formation destinée aux gérants d'entreprises de pompes funèbres. Une première en France.

Cimetière du Père-Lachaise (XXe). Les cours permettent d’apprendre à gérer une entreprise funéraire mais aussi de se former.
Cimetière du Père-Lachaise (XXe). Les cours permettent d’apprendre à gérer une entreprise funéraire mais aussi de se former.

    On connaissait l'université Paris-Dauphine pour ses formations réputées en économie et en droit. Voilà la célèbre faculté du XVI e arrondissement qui se lance dans un nouveau domaine. Elle propose depuis le début de la semaine une formation en business management funéraire.

    Au programme : marketing, gestion, comptabilité, droit du travail, ressources humaines, et quelques matières plus spécifiques au métier de croque-mort. C'est le numéro deux du secteur, le réseau d'entrepreneurs indépendants le Choix funéraire, qui a contacté l'université pour lui proposer d'accueillir cette formation débouchant sur un diplôme universitaire. « Il y a des cours de psychologie pendant lesquels on va travailler sur l'absence, le deuil », détaille Philippe Martineau, directeur général du réseau.

    Cette formation, la première du genre en France, se déroulera sur une année, à raison de trois jours de cours par mois. Les élèves devront également effectuer cinq ou six stages dans différentes entreprises de pompes funèbres.

    « Les rites funéraires ne sont pas les mêmes dans toutes les régions. Et puis, il y a de plus en plus de cérémonies civiles. On veut leur permettre d'avoir des expériences variées », souligne Philippe Martineau. Pour être sélectionnés, les apprentis croque-morts ont dû passer un examen. Culture générale, logique, français pour les écrits. Puis un entretien de motivation lors des oraux. La formation coûte 8 000 EUR. Elle est prise en charge par des organismes professionnels de la branche.

    Les cours ont démarré lundi, avec quatorze personnes, âgées de 25 et 47 ans. Toutes sont déjà responsables d'un point de vente du Choix funéraire. « Ils ont repris le flambeau après le départ en retraite de leurs parents », explique Anne Maugey, responsable de la formation continue à Dauphine. Mais alors, pourquoi se former maintenant ?

    « Il faut leur donner les clés pour pouvoir les gérer », poursuit Anne Maugey. Confrontée à des évolutions sociétales, la jeune génération doit aussi s'adapter aux nouvelles technologies. « Internet prend de l'importance dans notre métier, souligne Philippe Martineau. Les gens organisent de plus en plus les obsèques sur la Toile. Maintenant, les personnes qui ne peuvent pas se déplacer peuvent aussi suivre la cérémonie en streaming de chez elles. » Si la formation est pour l'instant réservée aux affiliés du Choix funéraire, elle devrait s'ouvrir à l'ensemble de la profession prochainement.

    « Le relationnel est primordial »

    Devant la fac de Paris Dauphine, Place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny à Paris dans le XVIe arrdt. Les cours ont débuté avec quatorze élèves

    Cédric Chapelet, 27ans, élève de la première promotion

    Cédric Chapelet, 27 ans, sort de sa première journée de cours à Dauphine. Pendant l'année que dure sa formation, il va apprendre à gérer une entreprise un peu particulière : les pompes funèbres. Le jeune homme connaît déjà bien le secteur : « Je travaille avec mes parents, qui ont un magasin de pompes funèbres en Ille-et-Vilaine, raconte-t-il. Mon objectif, c'est de reprendre l'entreprise et de la développer. » Pour lui, se former à la gestion est impératif : « Et puis, les modes de consommation changent. » De plus en plus de devis en ligne, une pratique qui évolue vers la crémation : les jeunes croque-morts doivent se mettre à la page. « Croque-mort », c'est justement un terme qui ne plaît pas beaucoup à Cédric. Le qualificatif, qui remonte à une période où l'on mordait l'orteil du défunt afin de vérifier qu'il était bien mort, « est un terme péjoratif, qui ne donne pas une très bonne image de [sa] profession ». Cédric, lui, se sent bien dans cette activité. « Bizarrement, ça ne me plombe pas le moral. Je me sens bien dans ce métier, c'est très axé sur le relationnel. On reçoit les familles, on les aide dans ce moment difficile, on les conseille. »

    Marine HAAG

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