Yves Mathiot, major de police délégué au recrutement, a ses habitudes à la Cité des Métiers de Saint-Quentin-en-Yvelines. Une après-midi par mois, ce fonctionnaire vient en effet y assurer une permanence d’information sur les différents métiers de la police. « Je donne des clés, un cheminement, et je préviens car il faut être averti pour être policier », résume-t-il.
La partition est parfaitement maîtrisée mais l’homme prend à chaque fois le soin d’adapter son discours en fonction de son interlocuteur. « On voit beaucoup de profils différents, explique-t-il. Mais il y en a deux principaux qui se dégagent : celui qui a fait des études et veut devenir officier de police judiciaire, et le jeune, pas toujours diplômé, qui recherche un métier qui bouge. »
Quentin, un élève de 1ère S originaire de Montigny-le-Bretonneux, est un peu à cheval entre les deux. Le jeune homme, qui vient de passer une vingtaine de minutes en tête à tête avec le policier, est très porté sur le sport et ne veut en aucun cas « travailler dans un bureau ». Cet entretien lui a « éclairci les idées » et le garçon semble séduit par les brigades d'intervention. « On n'en est encore qu'au stade de la prise d'informations, tempère son père, Christophe, venu l'accompagner. Il a encore du temps devant lui mais c'est bien d'anticiper un peu. Moi, j'essaie simplement de l'aider à ouvrir des portes. Il connaît désormais les avantages et les inconvénients de ce métier. Après, à lui de se positionner, de faire ses choix. »
Le jeune homme a visiblement les idées claires, mais ce n'est pas le cas de tous les candidats potentiels. « Certains peuvent complètement se fourvoyer dans l'idée qu'ils se font du métier de policier, reprend Yves Mathiot. Ils sont influencés par la télé, les feuilletons. A moi de leur expliquer ce qu'il en est exactement. » Quitte à briser des idées reçues.
« Contrairement à ce que pensent beaucoup de jeunes qui viennent nous voir, on écrit beaucoup dans la police. On consigne tout ce que l’on fait, il faut le savoir »
, sourit-il. L’officier doit à la fois « dédiaboliser l’image de la police » auprès de certains, mais aussi « expliquer la réalité, le côté obscur de la société auquel les futurs policiers seront confrontés ». Un discours qui peut parfois déstabiliser.
« Parfois, certains se rendent comptent qu’ils se sont trompés en frappant à la porte »
, poursuit-il. Notamment quand on évoque les études. « Aujourd’hui, on recherche notamment 27 cadets de la République dans les Yvelines. C’est une formation méconnue. Ils sont à la base de la pyramide. Mais il s’agit de remettre les jeunes à niveau et l’idée de reprendre les études peut freiner. C’est dommage, c’est une opportunité géniale pour beaucoup. »
Un débouché qu’il s’efforcera de promouvoir encore et encore lors de ses prochaines interventions. Ce sera le 4 mars au Pôle emploi de Versailles, les 7 et 8 au salon de l’étudiant à Paris, puis le 25, une fois encore à la cité des Métiers de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Sébastien Birden
Article issu du Parisien du 26 février 2015