La mixité est une priorité pour les écoles d'ingénieurs

Pour l'année 2010-2011, les femmes représentaient 27,5% des effectifs des écoles d'ingénieurs, un chiffre en hausse de 19,3% depuis 2006. L'engagement collectif pour la promotion de ces filières auprès des jeunes filles semble porter ses fruits.

La mixité est une priorité pour les écoles d'ingénieurs

    Pour l’année 2010-2011, les femmes représentaient 27,5% des effectifs des écoles d’ingénieurs, un chiffre en hausse de 19,3% depuis 2006. L’engagement collectif pour la promotion de ces filières auprès des jeunes filles semble porter ses fruits.

    Seulement un quart des élèves ingénieurs sont des filles. Pourtant elles forment la moitié des effectifs en terminale scientifique et obtiennent souvent des résultats supérieurs à ceux des garçons au bac.

    Pourquoi alors ne sont-elles que 10 % à choisir la filière qui mène aux écoles d’ingénieurs ?

    «Plus que les études proprement dites, la discipline et la représentation sociale des métiers visés par ce cursus ont une incidence sur leur choix d’orientation»

    , répond Alexandre Rigal de la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs). C’est donc avant que les filles n’opèrent leur choix, dès le lycée et même le collège, que les écoles agissent pour faire tomber les stéréotypes.

    Une opération séduction dictée par les entreprises en quête de parité dans le cadre de leurs politiques de diversité et de responsabilité sociale.

    S’imposer dans un milieu masculin

    La CDEFI organise le 8 mars une journée «Ingénieuses». «A cette occasion, nous faisons la promotion des actions engagées par les écoles pour la féminisation de leurs effectifs.»

    Selon la CDEFI, il apparaît que 50 % des élèves ingénieurs ont une référence en ce domaine dans leur entourage, majoritairement leurs mères.

    « Donner des modèles féminins aux jeunes filles, incarner la fonction, renvoyer une image positive, est donc crucial pour les attirer.»

    Car comme témoigne Bertille Morin, 22 ans, élève en 3e année à l'ESTP (Ecole spéciale des travaux publics), les idées reçues ont la vie dure. «Lorsque je dis que j'étudie dans cette école, les gens sont surpris, imaginant mal une fille s'imposer dans un milieu masculin.» Le taux de féminisation de l'ESTP augmente d'environ 1 % par an, il atteint 25 % cette année.

    «En intervenant dans leurs lycées et prépas d’origine, nos étudiantes peuvent répondre sans tabou aux questions des jeunes filles»

    , explique Florence Darmon, sa directrice.

    Des actions innovantes menées par les écoles

    Les Arts et Métiers ParisTech

    ont été les premiers à mener des actions ciblées. Et elles portent leurs fruits : le taux de féminisation est passé de moins de 7 % dans les années 1990 à 12,6 % aujourd’hui.

    «Nous recrutons dans les prépas où les filles sont peu nombreuses»

    , souligne Emilie Marquis, en charge de l’égalité des chances à l’école, qui rappelle que

    «les entreprises sont très demandeuses de femmes ingénieurs. Certaines nous disent même qu’à CV équivalent, elles privilégient une candidature féminine…»

    .

    L’Ecole centrale Paris

    déploie elle aussi de nombreuses actions. Elle propose ainsi une bourse d’études à ses étudiantes.

    Elle cible directement les filles avec son nouveau site interactif, Mademoisellefaitcentrale.com, ou en participant à des actions de promotion des carrières scientifiques auprès de lycéennes comme le Forum Initiative for Women ou le Sci Tech Girls du Women's Forum.

    Une école généraliste fait figure d'exception, l'Ecole polytechnique féminine (EPF), avec 40 % de filles. Cette situation est liée à son histoire : l'EPF n'a recruté que des filles jusqu'en 1994.

    «Notre patrimoine féminin est très important et précieux. Nos diplômées sont les meilleures ambassadrices de la place des femmes dans les métiers d’ingénieur»

    , explique Jean-Michel Nicolle, le directeur de l’établissement qui forme à quasi-parité garçons et filles dans des secteurs où les autres écoles peinent à les attirer comme l’énergie, les SI, la mécanique ou l’aéronautique.

    Les écoles travaillent également en réseaux. C’est le cas des 28 établissements partenaires de l’association

    Elles bougent créée en 2005 à l'initiative de l'ESTACA (Ecole supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile) et de l'université Paris X.

    Elle vise à faire découvrir aux jeunes filles les métiers de l'ingénierie des transports et de l'énergie. Elles bougent organise une opération appelée «Tu seras ingénieur ma fille» et a créé un Club des lycées.

    Dans ce cadre, 647 marraines ingénieurs ou étudiantes montrent aux plus jeunes que les études et carrières d’ingénieurs ne sont pas réservées aux hommes.

    TEMOIGNAGE

    Georgina HALL,

    21 ans, élève en 2e année à l’Ecole centrale Paris

    Pourquoi avoir suivi des études d’ingénieur ?

    J’étais bonne élève en sciences au lycée. Un professeur m’a incitée à intégrer une prépa.

    Je me suis retrouvée dans un univers masculin, et tout s’est toujours bien passé.

    Je n’étais pourtant pas très sûre de moi. Etre reçue au concours de l’Ecole centrale de Paris a été un grand bonheur, qui se poursuit aujourd’hui !

    Comment avez vous connu la bourse mise en place par l’ECP pour les jeunes filles ?

    Une présentation en a été faite en amphi et toutes les filles ont reçu un e-mail à ce sujet.

    Etant boursière Crous et entrant donc dans les critères sociaux pour l’obtenir, j’ai postulé. L’attribution de la bourse est également soumise au niveau académique et au projet qu’elle doit permettre de réaliser, pour ma part préparer un double diplôme aux Etats-Unis.

    Quelle est la réaction des gens lorsque vous dites être élève ingénieur ?

    Mes parents sont des littéraires et ma sœur étudie à Sciences-po. Ils ont donc surtout été étonnés que j’aime les maths.

    Lorsque je parle de mes études, les interrogations portent surtout sur comment je vais concilier vie professionnelle et vie personnelle.

    Je suis confiante, je sais que c’est une question de volonté et d’organisation. Nous avons d’ailleurs la chance de pouvoir rencontrer des centraliennes qui ont de beaux parcours. Comme beaucoup de mes camarades, je suis retournée dans ma prépa et mon lycée parler de Centrale.

    C’est important de témoigner. Il est dommage que les filles, qui sont souvent meilleures élèves que les garçons, s’engagent moins qu’eux dans les filières scientifiques d’excellence.

    Dossier réalisé par Ariane Despierres-Féry

    Article paru le lundi 05 mars 2012 dans le Parisien Economie

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