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Encore minoritaires, les femmes n’occupent que 18% des postes d’ingénieurs en 2013 et moins de la moitié dans l’industrie. L’affaire n’est pas nouvelle, mais de nombreuses mesures ont été mises en place depuis près de dix ans...

Amélie Sciascia travaille au sein du département des nouveaux projets où elle coordonne les travaux.
Amélie Sciascia travaille au sein du département des nouveaux projets où elle coordonne les travaux.

    Encore minoritaires, les femmes n’occupent que 18% des postes d’ingénieurs en 2013 et moins de la moitié dans l’industrie. L’affaire n’est pas nouvelle, mais de nombreuses mesures ont été mises en place depuis près de dix ans.

    « J’ai créé l’association Elles bougent en 2004, explique Anne-Sophie Pawlak, sa présidente. A l’époque, j’étais responsable des relations avec les industriels pour une école d’ingénieurs et je rencontrais les directions des ressources humaines pour connaître leurs besoins. A ma grande surprise, ce qu’ils voulaient, c’était recruter davantage de femmes. » L’industrie souhaitait en effet que ses entreprises soient davantage à l’image de la société en termes de mixité. De grands groupes comme EADS, Thales ou PSA ont mis en place des chartes de l’égalité professionnelle pour recruter des femmes.

    « Les dirigeants ont pris conscience que la mixité était un vecteur d'innovation et de performance », indique Aline Aubertin, présidente de l'association Femmes ingénieures. Mais le problème est à la base. Les femmes ne se tournent pas naturellement vers ces métiers. Selon Anne-Sophie Pawlak, cela vient d'un déficit d'information sur les fonctions : « J'ai commencé ma carrière d'ingénieur chez 3M (NDLR : groupe mondial d'ingénierie spécialisé notamment dans les adhésifs). On m'a proposé un emploi dans l'automobile. A priori, le secteur ne m'intéressait pas, mais le poste avait l'air bien. Finalement, j'ai travaillé sur la conception de nouveaux modèles et c'était passionnant. Mais aujourd'hui, les établissements de formation insistent sur le contenu des cours, pas sur celui des métiers. »

    « Les dirigeants ont pris conscience que la mixité est un vecteur d’innovation et de performance »

    Ce que confirme Yannick Lejeune, responsable Web du groupe Ionis : « Quand une jeune fille est bonne en sciences, il y a toujours un conseiller d'orientation pour lui proposer une carrière dans la chimie par exemple, parce que cela concerne le vivant et que cela conviendrait mieux aux femmes. » Et en effet, si l'industrie peine à recruter des femmes, c'est qu'elles sont peu nombreuses sur les rangs. « Je trouve vraiment dommage de voir toutes ces jeunes femmes s'orienter vers des filières qui ne recrutent pas alors qu'il y a de vrais débouchés dans l'industrie », insiste Aline Aubertin.

    Il reste qu'une fois en poste les femmes continuent de se heurter au plafond de verre qui les empêche de progresser aussi vite que les hommes. A cela plusieurs raisons. « Les manageurs sont des hommes et ont tendance à recruter à leur image, regrette Yannick Lejeune. Mais il est vrai aussi qu'il y a moins de femmes candidates. » C'est là qu'interviennent une fois encore les stéréotypes véhiculés par les femmes elles-mêmes : « Lorsque s'ouvre une opportunité de promotion, une femme qui remplit neuf critères sur dix ne se présentera pas, alors qu'un homme qui n'en remplit que cinq posera sa candidature », ajoute Anne-Sophie Pawlak. Pour que les choses changent, les femmes doivent prendre confiance en elles et en leurs capacités.

    LES CHIFFRES CLÉS

    PROPORTION DE FEMMES DANS L’INDUSTRIE :

    30%.

    POUR CHAQUE TRANCHE D’ÂGE, PROPORTION DE FEMMES INGÉNIEURS ET ÉCART DE SALAIRE

    Moins de 30 ans :

    25,7% de femmes; salaires inférieurs de 6% (27,8% pour les débutantes; 9%).

    De 30 à 34 ans :

    20,8%; 8%.

    35 à 39 ans :

    17,7%; 7%.

    40 à 44 ans :

    15,3%; 18%.

    45 à 49 ans :

    14%; 17%.

    50 à 54 ans :

    10,3%; 20%.

    55 à 59 ans :

    7,8%; 24%.

    60 à 64 ans :

    4,7%; (ns).

    PROPORTION DE FEMMES INGÉNIEURS PAR SPÉCIALITÉ

    Agronomie, sciences de la vie, agroalimentaire :

    44% de femmes.

    Chimie génie des procédés :

    36%.

    Stic :

    11%.

    Electrotechnique, automatique, électricité :

    9%.

    Génie civil, BTP, mines, géologie :

    16%.

    Mécanique, production, productique :

    9%.

    Physique, matériaux, énergétique :

    22%.

    Economie, gestion finances, audit :

    22%.

    Généraliste :

    15%.

    Autres (bois, textile, eau, environnement) :

    31%.

    TOTAL :

    18% de femmes.

    TEMPS PARTIEL

    10,4%

    des femmes travaillent à temps partiel, à comparer à 1,3% des hommes ingénieurs.

    RESPONSABILITÉS

    50%

    des ingénieurs cadres en France n’ont pas de responsabilité hiérarchique : 58% pour les femmes et 43% pour les hommes.

    24%

    de femmes ingénieurs ont bénéficié d’actions en faveur de la mixité.

    Sources : Ingénieurs 2013, 24e enquête d’Ingénieurs et scientifiques de France (CNISF) et Insee 2013.

    Laurence Merland

    Article paru dans le supplément éco du Parisien daté du lundi 14 octobre 2013

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